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Newsletter n° 26 – 15 décembre 2023
[Interview] A la découverte de la formation au Brésil : le système “SENAI”
Cyrille Munoz est Responsable de Pôle à la Direction des Affaires Financières de l’Université Toulouse-Jean Jaurès. Dans le cadre de ses premières missions dans cet établissement, il a bénéficié d’un détachement du Ministère des Affaires Etrangères, et est parti au Brésil en qualité « d’expert technique international en innovation technologique”. Dans cette interview, il revient sur les particularités du système de formation professionnelle au Brésil, et notamment le système SENAI, considéré comme l’un des plus grands réseaux de formation professionnelle et technique en Amérique Latine.
Comment fonctionne la formation professionnelle au Brésil ?
Une grande partie de la formation technique au Brésil est gérée par le SENAI (Serviço Nacional de Aprendizagem Industrial, ou Service National de l’Apprentissage Industriel). Ce réseau d’écoles professionnelles du secondaire a été créé et est géré par la Confédération nationale de l’Industrie ainsi que par les Fédérations des Industries des États. Ces écoles proposent une variété de formations dans divers domaines, notamment la construction, et délivrent des diplômes de différents niveaux, équivalant à des diplômes de niveau bac pro, BTS, masters, voire doctorats. Le réseau compte près de 750 établissements répartis dans tout le Brésil, ce qui en fait l’une des principales institutions éducatives du pays. Ces écoles fonctionnent en “mini-villes”, accueillant un nombre important d’élèves ainsi que de personnel enseignant.
Quel est leur origine et leur mode de fonctionnement ?
Inspiré du modèle suisse, le SENAI a été établi au cours du milieu du 20e siècle. Son système de gouvernance repose sur un Conseil national et des Conseils régionaux. Chaque région bénéficie d’une autonomie suffisante afin de personnaliser ses actions et ses offres de formation en fonction des spécificités des industries et de la main-d’œuvre locales. Ainsi, cette approche décentralisée vise à assurer une harmonie entre les besoins en qualification et l’offre de formation professionnelle, que ce soit au niveau régional ou sectoriel. À Sao Paulo, près de 200 écoles SENAI sont réparties dans l’ensemble de la région, chacune se spécialisant dans un domaine particulier.
Le financement du SENAI provient principalement du secteur industriel : une contribution générale est prélevée sur les salaires versés par les entreprises de ce secteur. Des cotisations additionnelles sont également perçues auprès des entreprises employant plus de 500 personnes. Enfin, le reste du financement provient de subventions publiques.
Selon vous, quels sont les points forts de ces établissements ?
Plusieurs aspects positifs méritent d’être soulignés. En premier lieu, les écoles SENAI entretiennent des liens étroits avec le secteur industriel. Ces établissements bénéficient notamment de l’apport d’équipements de pointe fournis par les entreprises, enrichissant ainsi leurs programmes de formation. Cette approche garantit une formation hautement qualifiante, orientée vers des applications immédiates. Les étudiants participent à des projets tutorés en collaboration avec des acteurs industriels, et sont également impliqués dans des hackathons. Enfin, les écoles SENAI sont très impliquées dans la compétition des WorldSkills. L’ensemble de ces éléments confère une excellente réputation à ces formations, et les diplômés sont très recherchés par les entreprises.
Par ailleurs, le système SENAI est un vecteur fort d’innovation au Brésil, avec la création, en complément de ses écoles, de centres de recherche et d’innovation et de centres de prestation de design pour les industriels.
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Maryse DEGOUGE, analyste chargée de veille : maryse.degouge@ccca-btp.fr
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